MECANOR Amélioration de la gestion des métiers du casier en Normandie et au Nord de la France

Création d'un modèle d’évaluation spécifique à la pêche aux casiers sur la façade Manche-Est / Mer du Nord afin de mettre en œuvre une exploitation durable de ces ressources.

Résumé du projet

Confrontés depuis plusieurs années à des problèmes de ressources en sole, notamment en Manche-Est, de nombreux pêcheurs se convertissent au métier du casier ciblant surtout le bulot et les gros crustacés. C’est le cas des fileyeurs des Hauts-de-France devenus pour partie « bulotiers » ou « caseyeurs à crustacés ». Ils craignent aujourd’hui une pression de pêche trop importante sur ces nouvelles espèces. Dans le même temps, les caseyeurs normands s’inquiètent de l’état de ces ressources.

Sur un principe de précaution, le CRPMEM Hauts-de-France a pris des mesures techniques concernant le bulot en 2011 et les crustacés en 2019. Le CRPMEM Normandie fait évoluer régulièrement ses mesures de gestion, qui, toutefois manquent d’homogénéité à l’intérieur de la même unité de gestion. Chaque structure professionnelle prend les décisions qui lui semblent la meilleure. Aussi, une évaluation de ces ressources à plus grande échelle s’avère nécessaire afin de converger vers des mesures d’encadrement appropriées.

En Normandie, le projet ESHANO (FEAMP Mes. 28) qui se termine en juin 2019, a permis de développer différents types de suivis, en partie sur les deux espèces que sont le bulot et le homard. Différentes méthodes de collectes de données ont été mises en œuvre, en fonction des problématiques abordées. Elles ont permis de fournir plusieurs indicateurs halieutiques de premier niveau et de détecter également les limites ou inefficacité de certains d’entre eux. Ce programme se termine en juin 2019.

Objectifs

Dans ce contexte, il apparait pertinent qu’un nouveau projet soit développé afin d’approfondir les connaissances et expériences acquises dans le cadre du projet ESHANO et ce, à l’échelle de la façade Manche-Est / Mer du Nord (Cherbourg-Dunkerque, zones CIEM VIId et IVc). Ce partage de connaissance permettra de mettre en place des méthodes d’acquisition de données communes en vue de créer un modèle d’évaluation spécifique à la pêche aux casiers. Les professionnels concernés pourront ainsi avoir l’assurance que les modalités de gestion mises en place permettront un développement durable de leurs activités.

Méthodologie

Le projet se décompose en trois ateliers :

Le premier s’attachera à réaliser un état des connaissances générales sur les pêcheries aux casiers sur la façade concernée : aspects biologiques des espèces concernées (cycle de vie, habitats, croissance, maturité, ageage…)., disponibilité d’informations et compléments à mettre en place dans les zones géographiques déficitaires, aspects halieutiques sur la stratégie des différentes pêcheries, leurs techniques de pêche et la problématique de la sélectivité des casiers.

Le deuxième atelier sera axé sur le développement d’outils sur la base de données acquises par ESHANO et données nouvelles : test d’outils connectés pour la collecte de données impliquant les professionnels, test de différentes approches de méthodes d’évaluation de stock, proposition d’un modèle d’évaluation spécifique par la définition des indicateurs d’état des stocks et de pression de pêche pertinents pour ces pêcheries.

Enfin, le dernier atelier permettra de partager les informations relatives aux travaux des deux axes précédents, d’identifier les mesures de gestion les plus appropriées en fonction des espèces et des secteurs d’études, afin d’atteindre une exploitation durable de ces ressources. Cela se fera également par une diffusion des résultats auprès des professionnels.

Résultats

Les résultats montrent que le stock de bulot subit une forte pression de pêche, avec une mortalité par pêche dépassant déjà les objectifs de gestion. Le changement climatique et le réchauffement des eaux posent également des inquiétudes pour l’avenir du stock. Pour les crustacés, bien qu’il n’y ait pas d’alerte immédiate sur les stocks de tourteau et de homard, une baisse de la biomasse a été observée ces dernières années.

Conclusion

L’étude souligne la nécessité d’affiner les diagnostics des pêcheries de gros crustacés en Manche Est Mer du Nord. Des lacunes subsistent, notamment dans l’estimation des performances des modèles et la collecte de données spécifiques aux traits de vie des crustacés, particulièrement pour l’araignée de mer. De plus, il est crucial de mieux quantifier l’effort de pêche, notamment en recueillant des informations sur le nombre de casiers utilisés, afin de créer une base de données solide pour de futures évaluations. Des limitations de l’effort de pêche pour le homard et le tourteau apparaissent essentielles pour préserver les stocks, tout en tenant compte des dynamiques locales de flottille dans le contexte post-BREXIT.

L’avenir de la gestion durable des gros crustacés passe par une meilleure collecte des données biométriques en mer et par l’utilisation d’outils comme l’auto-échantillonnage pour suivre en temps réel les rendements de la pêche. Il est aussi nécessaire d’évaluer l’abondance croissante de l’araignée de mer et son impact économique, notamment sur d’autres espèces comme la sole ou les moules de bouchot. Des projets, comme l’étude du changement climatique et des maladies affectant les stocks, devront être développés pour mieux comprendre ces dynamiques et anticiper les impacts futurs sur la filière.